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Crégy, un nom bien mystérieux…

En 1836, dans son « Histoire du département de Seine-et-Marne », le docteur Félix Pascal soulignait que les celtes n’écrivaient pas et que leurs premiers historiens ont été leurs conquérants, les romains. Avant cette époque, la mémoire se transmettait oralement, par des traditions ou des monuments qui ont subi l’inexorable outrage du temps. Nous en sommes donc réduits à ne formuler que de simples hypothèses sur nos origines. En effet, tout est incertain dans l’histoire des régions occidentales de l’Europe jusqu’à l’époque où César entreprit ses conquêtes en 58 avant notre ère.

Reconstitution d'un village celte d'après fouilles archéologiques
Reconstitution d’un village celte d’après des fouilles archéologiques

La Seine-et-Marne n’échappe pas à la règle. Si les noms de Brie et de Gâtinais remontent à la plus haute antiquité, ce n’est qu’à partir des années 510, alors que ces deux provinces sont divisées entre les royaumes de Paris et d’Orléans, qu’il est possible de repérer le nom des communes rurales. Des actes juridiques sont ainsi établis (droits de mutation, droits honorifiques, etc.) qui vont permettre de consigner des indications précises.

Pour le nom de Crégy, deux versions coexistent, même si les spécialistes s’accordent pour connecter l’origine du nom à la situation géographique du village.

Pour les uns, il découlerait du mot rocher ou roche, formation géologique prédominante à Crégy.

En 1665, dans les Annales des Carmes déchaussez de France, notre village est nommé Cregiaca.

« …Une pièce trouvée imprimée dans les annales des RR. PP. (Révérends Pères) Carmes de Crégy, titre « De Rupe Cregiaca », nom décliné selon la langue latine et qui devient parfois cregiaco, cregiacum selon les lois des déclinaisons latines …».

C’est aussi l’avis de Félix Pascal qui, en 1836, dans son « Histoire topographique, politique, physique et statistique » indique que… 

« CRÉGY  : L’étymologie du nom de ce village indique un rocher (Crex). Il est effectivement bâti sur la montagne au bas de laquelle coulait, à ce que l’on pense, la rivière de Marne avant que Thibault IV n’en eût détourné le cours pour environner son château de Meaux ».

Cependant, aucun dictionnaire latin compulsé, y compris le Gaffiot, bien connu de tous les latinistes, ne traduit Crex par rocher mais plutôt par croissance, essors…

Cette interprétation trouve également un écho chez Marianne Mulon qui, en 1997, dans son ouvrage « Noms de lieux d’Ile-de-France. Introduction à la toponymie », propose aussi une étymologie en lien avec la situation du village, dont la construction viendrait de Krako qui en gaulois pourrait être traduit par « Pierre ».

Pour les autres, comme Frédéric Auguste Denis, dans sa « Lecture sur l’histoire de l’agriculture en Seine-et-Marne », les noms tels que Crégy ou Crécy indiqueraient plutôt des villages construits dans une anse (l’anse de la Marne pour Crégy) ou possédant un port sur une rivière.

Alors il est encore aujourd’hui difficile de s’y retrouver !

Ce qui est certain c’est que notre village est bien construit sur un rocher et qu’il se situait, encore au Moyen Âge, au bord de l’un des bras de la Marne qui formait une anse à ce niveau.

Ce que l’on sait aussi, comme nous l’indique Auguste Longnon en 1869 dans son « Livre des Vassaux du comté de Champagne et de Brie », c’est qu’en 1172, on trouve les orthographes de Cregi et Cregy dans les documents, le « y » faisant souvent référence à l’appartenance des terres à un seigneur.

Ce dont nous sommes également sûrs, c’est l’année où Crégy devient Crégy-lès-Meaux. C’est sur une demande de la Chambre de Commerce de Paris déposée auprès du Ministre de l’intérieur afin « qu’un nom de complément soit donné aux localités qui portent une désignation identique, de façon à rendre toute confusion impossible » qu’en 1919, le village voit son nom complété avec « lès-Meaux ». Le conseil municipal donnera un avis favorable à cette modification considérant « qu’une consonance identique des communes de Crégy, Grégy, Crécy et Brégy est la cause d’erreurs au point de vue des transmissions postales, télégraphiques et du transport de marchandises ».

PS : Que vous soyez historien, étymologiste ou simple passionné comme nous, n’hésitez pas à nous contacter si vous avez des informations à ce sujet. Vous pouvez nous écrire sur ce site dans la rubrique « contact » ou envoyer un courriel à l’adresse suivante : cregyetsonhistoire@gmail.com