

Mme Valeton et Mme Osika ont travaillé à la maison maternelle à un moment très particulier puisqu’on assiste, au début des années 1960, à la fin de cette institution.
Hélène Valeton entre à la maison maternelle en 1962 comme auxiliaire de puériculture. Pour obtenir son diplôme, elle a dû étudier pendant deux ans. Célibataire, elle occupe une simple chambre au rez-de-chaussée à côté des mamans et étant encore mineure, elle n’a que 19 ans (la majorité à cette époque est de 21 ans), elle ne pourra sortir du domaine qu’à de rares occasions, comme les pensionnaires. Elle reste jusqu’à la fermeture définitive de l’établissement en avril 1964 avant de rejoindre la maternité de Meaux.
Marie-Claude Osika travaille à la maison maternelle d’avril 1963 à avril 1964. elle est embauchée comme infirmière en remplacement de Mlle Goffinet, démissionnaire. Etant mariée, elle va vivre dans le bâtiment principal avec sa famille. Après la mise en disponibilité de la directrice, Mme Fontaine, elle est mandatée, par l’administration, pour gérer les derniers moments de la maison maternelle et sera mutée à l’hôpital de Meaux.

Des décisions à prendre…
A cette époque, si les femmes arrivent enceinte à la maison maternelle, ce n’est pas là qu’elles accouchent mais à l’hôpital de Meaux où les bébés sont enregistrés au bureau de l’état civil.
Après leur accouchement, elles ont la possibilité de chercher du travail et un logement pour s’installer avec leur petit. On leur laisse le choix de revenir 3 mois plus tard. Si la plupart reprennent leur nourrisson à la fin de cette période, certaines ne reviennent jamais. Dans ce cas, l’enfant reste quelques mois dans l’établissement avant d’être confié à la pouponnière d’Orgemont en vue d’une possible adoption. Ces dossiers sont gérés par la directrice et une assistante sociale qui établissent les documents nécessaires à cette procédure.
Certaines prennent une autre décision, celle d’accoucher sous X. Elles ont un délai de réflexion de 3 mois et si elles confirment leur intention, elles doivent signer une décharge. Dans ce cas-là, elles accouchent non pas à Meaux mais à Senlis. En 1963, deux d’entre-elles font ce choix. A chaque fois, c’est un crève-cœur pour Mme Valeton de voir les petits partir seuls en pouponnière.
Logement et vie quotidienne
Dans les années 1960, les jeunes femmes sont logées à deux par chambre, au rez-de-chaussée. Les bébés, eux, sont installés, à part, dans une salle de l’aile gauche, à côté du cabinet d’examens.
Mme Valeton, célibataire, occupe également une chambre au rez-de-chaussée, à côté de celles de Mlle Chappelier et Mme Degouy. Mme Osika, mariée, se voit attribuer le logement du premier étage dans le bâtiment principal. C’est un échange avec la directrice Mlle Fontaine qui étant seule, décide d’intégrer la maison du gardien qui se compose d’une pièce à vivre/cuisine et d’une petite chambre. Elle l’occupera jusqu’à sa mise en disponibilité et la fin de l’activité de l’institution.
Les jeunes femmes reçoivent un trousseau complet pour leur enfant et apprennent à s’occuper de leur bébé en étant encadrée par des professionnelles. A tour de rôle, l’une d’elles est chargée de surveiller les petits pendant la nuit. A cette époque, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les nourrissons sont nourris exclusivement au biberon et non au sein, ce pour une question d’hygiène, l’une des priorités dans les collectivités.
Elles et leurs bébés sont suivis de façon régulière. M. Tupin, le médecin responsable à l’époque, vient toutes les semaines voir les enfants qu’il ausculte dans la salle d’examen. M. Martin, le gynécologue suit, quant à lui, la grossesse des femmes. Il a aussi un cabinet sur place et quand le moment d’un accouchement arrive, la maison maternelle dispose d’une « Citroën 2 CV » pour accompagner les parturientes à l’hôpital.
Une cuisinière est là aussi pour aider les jeunes femmes à préparer les repas et Mlle Chappelier, aidée d’une personne extérieure, anime un atelier couture l’après-midi.
Vers 1962, il y a la télévision à la maison maternelle. Mme Valeton se souvient très bien de l’annonce de la mort du Président Kennedy qui mit en émoi toute la maisonnée !
Mmes Valeton et Osika confirment que la maison maternelle est dirigée d’une main de fer par Mlle Fontaine qui n’a pas la réputation d’être particulièrement facile. Le docteur Tupin a même pris l’habitude, lorsqu’il arrive, de demander quelle est l’humeur de la « dame » !


Fermeture de la maison maternelle
La maison maternelle ferme définitivement ses portes le 19 avril 1964. Des documents du conseil général que nous a confiés Mme Osika nous en donnent les raisons.
Les bâtiments sont trop dégradés et pourraient devenir dangereux pour les occupants. Le département ne souhaite pas engager sa responsabilité en cas d’accident. Dès février 1964, le préfet de Seine-et-Marne notifie la décision au directeur départemental de la population et de l’action sociale et en mars à la directrice.
A l’exception de M. Loisel, qui va assurer le gardiennage le temps de la dévolution des biens, tout le personnel quitte les lieux. Mme Fontaine prend une disponibilité afin de se marier. Mmes Valeton, Osika et Touchais intègrent l’hôpital de Meaux. Mlle Brouart repart dans la Sarthe dont elle est originaire. Pour le cas de Mlle Chappelier, nous n’avons pas d’information.
Les 19 enfants encore dans l’établissement à cette date sont, soit renvoyés dans leurs familles, soit replacés. Sans indication précise sur les mères, nous ne pouvons pas dire comment est géré leur départ.
Le 10 mai 1964, Mme Osika est convoquée par le conseil général à la réunion de clôture du dossier « Maison Maternelle de Crégy ».